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IRON_MAIDEN_51
IRON_MAIDEN_51
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6 février 2005

ma discographie idéale

Que ceux qui voudraient comprendre le metal mélodique contemporain sans avoir écouté le troisième opus des citrouilles montrent l'exemple et se pendent !
Difficile néanmoins de chroniquer ce désormais classique sans faire un petit retour en arrière et s'immerger dans la perspective de l'époque : 1987, c'est (presque) l'apogée du Trash, les débuts discographiques du Death, le virage progressif de MAIDEN qui s'entérine, et le succès grandissant de QUEENRYCHE. Un carrefour créatif au sein duquel HELLOWEEN tire son épingle d'une manière brillante, en prenant cependant beaucoup de risques artistiques (en soi une bonne leçon pour un grand nombre de pompeurs contemporains, soit dit en passant…), au point que Noise Records menacera plusieurs fois de stopper la production de l'album. Le groupe s'attire par ailleurs durablement l'inimité de la frange radicale de ceux qu'autrefois on appelait les Trasheurs, et cela dès la sortie de ce disque que beaucoup considèrent comme LE chef d'œuvre d'HELLOWEEN.
Première métamorphose, l'irruption dans le groupe d'un jeune chanteur de 18 ans, Michael Kiske, en lieu et place de Kaï Hansen. A première ouïe, c'est un clone de Geoff Tate (QUEENSRYCHE), mais plus le temps passe et plus on se rend compte que le jeune homme possède des qualités prodigieuses qui feront de lui ce qu'il est à présent : un jeune " has-been " certes, mais surtout une légende du Metal. Plus lyrique que son prédécesseur, ce chanteur fraîchement intégré se distingue en effet par un registre vocal impressionnant et par la facilité déconcertante avec laquelle il perche sa voix sur des hauteurs insoupçonnées.
Second changement : le ralentissement sensible du tempo. Hormis " I'm Alive " et " Twilight of The Gods " qui cavalent à un rythme fort soutenu, le reste de l'album apparaît bien plus pépère qu'à l'accoutumé, le groupe s'accordant même une incartade avec la magnifique ballade " A Tale That Wasn't Right ".
Enfin, la production, confiée à Tommy Hansen et Tommy Newton, est plus propre que précédemment, l'énergie du groupe s'en trouvant relativement canalisé (NB : pour ceux qui sont habitués aux superproductions finlandaises, le son des " Keepers " apparaîtra certes indigent ; toutefois, je vous encourage à passer outre ce détail finalement bien contingent, car, voyez vous, cette prod', elle a de la personnalité !).

A présent, passons à la chronique proprement dite.
Cet album marque certes un tournant dans la carrière d'HELLOWEEN non pas parce qu'il est différent de ces œuvres précédentes, mais parce qu'il correspond à une sorte d'idéal, de pierre philosophale après laquelle courent à l'époque tous les groupes de metal dit mélodique, de MAIDEN à QUEENRYCHE. A la fois agressif, lyrique, pop et joyeux (" Future World "), sombre par endroits, épique et avant-gardiste (l'overpuissant " Halloween "), " Keeper Of The Seven Keys Part I " est un album avant tout varié et inventif, cumulant en une synthèse cohérente des éléments n'ayant pas forcément d'affinités, au point même que plus de dix ans après, tous les groupes se réclamant de son influence en piquent des pans entiers ! Parmi ce qu'a pu inventer HELLOWEEN avec ce disque, on citera par exemple ces tierces de guitare qui ressemblent à des passages de musique slave (demandez à RHAPSODY où ils ont eu l'idée héhéhéhé), ces vocaux hauts perchées qui semblent donner des ailes à des riffs pas toujours très fins mais toujours très puissants, et même un certain aspect symphonique, déjà en germes dans " Halloween " et surtout dans l'intro de l'album. Toutefois, on aura rien dit tant que l'on aura pas évoqué la magie qui plane sur ce disque béni des Dieux, encore un peu maladroit par instants (la barre est placée très haut !) mais néanmoins essentiel !

Deuxième épisode des pérégrination du désormais fameux trousseau de clefs, et peu de changements radicaux par rapport à son illustre prédécesseur si ce n'est une production plus léchée, et une maturité accrue dans tous les domaines. Le groupe, contrairement à ce que certains auraient pu redouter, n'a pas oublié ses premières amours et sait encore nous asséner de véritables brûlots Speed mélodique (l'hymne " Eagle Fly Free ", l'incroyable et semble-t-il oublié " March Of Time ", " Save Us ") ; toutefois, HELLOWEEN s'attache ici à varier les plaisirs, en poursuivant la ligne artistique entamée sur le premier volet de ce projet presque conceptuel. Nos citrouilles mettent ainsi l'accent sur le fun : les délirants " Doctor Stein " et " Rise & Fall " (conclu par une série de larsens se métamorphosant en hennissements de chevaux et autres cris de bêtes …) versent une bonne louche d'humour gras dans la potion, tandis que Kaï Hansen s'affirme une fois de plus comme un compositeur émérite, expert dans l'art de construire des " hits " simples et efficaces, un brin Pop, aux refrains imparables (" I Want Out "). Les bonnes surprises sont donc nombreuses : se détachant peu à peu de ses vieux réflexes bourrins, HELLOWEEN se civilise tout en gardant ce grain de folie si particulier ; le groupe développe une personnalité très forte, grandement aidé en cela par leur nouveau chanteur, Michaël Kiske, qui, en l'espace d'un album, semble avoir appris autant que d'autres en une vie. Ses lignes de chant sont tout simplement incroyables, ses possibilités semblent infinies, et l'aisance stupéfiante avec laquelle il évolue tant dans des registres haut perchés que dans des tonalités plus accessibles pour le commun des mortels donne enfin au groupe les moyens de briller dans des territoires qui, auparavant, lui étaient interdits. Entre autres également, la paire Weikath/Hansen, au sommet de son art, nous gratifie de soli fulgurants et extrêmement personnels, qui la font désormais figurer dans le panthéon restreint des duos deguitaristes légendaires. Enfin, à l'instar du premier épisode, " Keeper… II " recèle lui aussi son titre phare, l'épique et somptueux " Keeper Of The Seven Keys ", une merveilleuse pièce de presque quatorze minutes de pur bonheur, pour l'auditeur comme pour le pompeur éventuel : une avalanche de plans dévastateurs, de mélodies à se pâmer de plaisir, des trésors d'intelligence et de talent pour une chanson qui conclue de manière parfaite (dans le pressage original) un diptyque au succès plus que mérité. HELLOWEEN vendra en effet quasiment un million de chacun de ses deux disques, pour des prunes diront certains, puisque Noise et les quelques individus chargés de la carrière du groupe se sucrerons sans parcimonie sur le dos de la formation, leur laissant au plus les miettes d'un gâteau découpé à la hâte et englouti aussi vite. Bah ! On leur aura au moins laissé la gloire … pour un temps !
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